Sur la couverture, un bateau à voiles, flottant non pas sur la mer, mais au-dessus d’une mer d’ombres ou de nuages sombres. Le navire est retenu par des amarres tendues à l’extrême, prêtes à céder. Vers quelles contrées ce récit nous emmènera-t-il? Celles de l’imaginaire et de la liberté, Québec en Nouvelle-France n’est que le port d’attache où l’on revient inéluctablement et à contrecoeur.

Esther Brandeau, moussaillon, déguisée en garçon, est l’héroïne de ses propres histoires, aventures étranges et surprenantes, comme l’indique le titre. Le lecteur, comme les gens de Québec, se laisse prendre par les récits incroyables de la jeune femme. Elle raconte, par petits bouts, une vie trop extraordinaire pour être vraie, telle Shéhérazade en Amérique, dans l’espoir d’éviter non pas la mort, mais la déportation, le retour sur le vieux continent.

Tour à tour, elle est élevée parmi les singes, naufragée sur une île déserte, prisonnière de pirates. Mais quelle est la véritable histoire d’Esther Brandeau? Cette jeune femme au tempérament frondeur a bel et bien existé, un événement historique avec peu d’incidence, rien de plus qu’un fait divers qui a occupé les langues de l’époque, mais qui aujourd’hui constitue un délicieux petit roman, une ribambelle de contes fabuleux auxquels on veut croire plus qu’à la vérité.

Au final, lorsque tout est dévoilé, la décevante réalité nous pousse à imaginer que l’aventure continue.

– Ariane Hivert